
Samedi 8 février , les représentants du PCF, de syndicats et associations pour la Paix, étaient réunis quai des martyrs à Givors pour commémorer le massacre de Charonne.
À cette occasion, Abdel Yousfi, conseiller municipal et secrétaire de la section du parti communiste Givors Grigny Ozon à pris la parole :
Cher camarades, chers amis, mesdames et messieurs je vous remercie de votre présence,
Nous sommes réunis aujourd’hui à l’initiative des Communistes et Républicains de Givors-Grigny de l’association Givors mémoires, de l’A.P.C.A (Association pour la Promotion de la Culture Algérienne de Givors), mais aussi la CGT via L’Union Local Givors et la CGT JTEKT de la métallurgie ….
Pour, ne pas oublier et rendre hommage aux 9 camarades assassinés le 8 févier 1962 au métro Charonne à Paris.
C’était, il y a Soixante TROIS ans (63 ans) une manifestation pacifique de 60 000 personnes organisée par le PCF, les organisations de gauche ainsi que les syndicats pour dénoncer :
la guerre d’Algérie
et les attentats de l’OAS qui se multipliaient en France contre toutes celles et ceux qui se battaient pour la fin de la guerre d’Algérie et en premier lieu contre les communistes et les anticolonialistes.
Les menaces de mort de l’OAS sur le territoire français ont ainsi visé Camille Vallin, Paul Vallon et les élus de la municipalité de l’époque suite aux délibérations successives votées par le conseil municipal de Givors et les nombreuses mobilisations dans les usines de la ville pour demander la fin de la guerre, l’auto détermination, et la condamnation des factieux de l’OAS.
Le préfet de police Maurice Papon (ancien collabo. sous l’occupation nazie) n’eut aucun scrupule le 8 février 1962, pas plus que le 17 octobre 1961 quand la police parisienne qu’il dirigeait avait massacré, torturé et noyé dans la Seine des centaines d’Algériens venus manifester pacifiquement pour dénoncer le couvre-feu raciste qui leur était imposé.
Le 8 février, il ordonna de réprimer par la force la manifestation pacifique.
Le rendez-vous était place de la Bastille, mais après avoir bloqué tous les accès de la place aux manifestants qui formaient plusieurs cortèges boulevard Beaumarchais, boulevard Voltaire et dans les rues adjacentes et qui avaient fini par se regrouper vers la station de métro Charonne, la police chargea sans préavis et avec une violence inouïe.
Il y eut huit morts, tués sur le coup ou décédés quelques jours plus tard à l’hôpital, le neuvième mourut après un mois et demi d’agonie. Ils étaient tous inscrits à la CGT, et pour huit d’entre eux militants au PCF.
Il faut se rappeler de leur nom :
- Jean-Pierre Bernard, 30 ans, dessinateur
- Daniel Féry, 16 ans, apprenti
- Anne-Claude Godeau, 24 ans, employée PTT
- Édouard Lemarchand, 41 ans, menuisier
- Suzanne Martorell, 36 ans, employée à L’Humanité
- Hippolyte Pina, 58 ans, maçon
- Raymond Wintgens, 44 ans, typographe
- Maurice Pochard 48 ans (décédé à l’hôpital),
Fanny Dewerpe, 31 ans, secrétaire (son mari avait déjà été tué dans une manifestation pour la Paix quelques années auparavant. Leur fils Alain fut élevé par les grands parents ; il fut historien français, directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales . Il est décédé à 63 ans
Cet événement a marqué durablement le mouvement ouvrier, et nous renvoie à des exigences toujours d’actualité : le combat pour la paix, le refus des guerres, la vigilance face à l’extrême droite.
Le 13 février, un million de personnes accompagnèrent, les cercueils jusqu’au cimetière du Père Lachaise.
Les travaux des historiens nous l’ont appris, depuis : les policiers n’ont pas chargé par hasard et ce n’était pas pour répondre à de soi-disant provocations.
Mais l’Etat garde le secret depuis 1962 et refuse de reconnaître ce qui est bel et bien son crime.
Agissons pour exiger justice et vérité, reconnaissance par les plus hautes autorités de la France de ces crimes commis par l’état français que furent le 17 octobre 1961 et Charonne le 8 février 1962.
Un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre !
Oui il est nécessaire de se souvenir pour honorer la mémoire de ces femmes et hommes qui ont fait le choix de surmonter leur peur pour refuser le colonialisme, le racisme et proclamer leur attachement à la Paix, à la démocratie. Ils se sont levés pour que d’autres puissent vivre libres !
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Je voudrai aussi que l’on se rappelle de Fernand IVETON qui fut guillotiné il y a 68 ans : le 11 février 1957. Fernand Iveton n’a tué personne. IL rêvait d’une Algérie qui « finisse, par reconnaître chacun de ses enfants, d’où qu’ils viennent » . Fernand Iveton dans sa cellule, nous a laissé ces quelques mots :
« Je ne suis pas musulman (…) mais je suis algérien d’origine européenne », « ma place est aux côtés de ceux qui ont engagé le combat libérateur ».
Il avait tout juste 30 ans lorsqu’il a été torturé et condamné à mort pour avoir posé une bombe dans son usine. Nous sommes à Alger, en 1956. La guerre sans nom a commencé deux ans plus tôt. Français d’Algérie anticolonialiste, délégué CGT, membre du Parti communiste algérien rallié au FLN, il veut alerter l’opinion sans intention de tuer. L’explosif est désamorcé, pour ne faire ni dégât, ni victime.
Fernand Iveton est mort le matin du 11 février 1957, avec deux de ses camarades algériens, après une journée de procès sommaire et une demande de grâce rejetée par le président René Coty et François Mitterrand, alors garde des Sceaux.
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En une période où le besoin de mémoire est si fort dans la société française, et où est légitimement revendiquée une exigence de vérité, en particulier sur les deux moments clefs de notre histoire nationale récente que sont l’Occupation et les guerres coloniales, il n’est pas inutile de se souvenir de Charonne.
GIVORS ville de résistance soucieuse du devoir de mémoire, a nommé cette rue : quai des martyrs dédié à celles et ceux qui furent assassinés le 8 février et aussi un square du 17 octobre en mémoire des centaines d’Algériens massacrées à Paris.
Notre action vise à faire reculer la violence, le racisme et l’injustice qui en fin de compte ne sont que les habits présentables des attaques contre toutes les libertés, les droits et les acquis sociaux.
Nous devons veiller, car comme le disait le dramaturge allemand Bertolt Brecht dans sa lutte contre la montée du fascisme, « Le ventre est toujours fécond d’où est sortie la bête immonde… »
Demeurons vigilant et agissons face :
– aux tentatives de réécriture de l’histoire de notre pays
– à la banalisation des idées racistes, d’extrême droite, à Givors en France et dans le monde
– aux extrémistes de tous bords (fanatiques politiques et religieux),
– aux violences policières discriminatoires dans les banlieues
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N’oublions rien :
ni les morts des attaques terroristes de 2015 et 2016 en France, ni les centaines de vies fauchées par ces mêmes attaques à travers le monde,
ni les centaines de milliers de victimes de ces guerres au CONGO, en Ukraine, en Syrie, et ailleurs ;
ni ce que subit depuis 1948 le peuple Palestinien et le génocide actuel perpétré par l’état d’Israel;
ni les centaines de milliers de réfugiés, noyés en Méditerranée, refoulés ou parqués en Europe ou en Turquie, faute d’une politique européenne digne et humaine à leur égard.
C’est l’humanité tout entière qui court à sa perte quand elle oublie la valeur d’une seule vie humaine.
Le terrorisme devait être, soi-disant, terrassé par la guerre. Il s’en nourrit.
La paix, la fin des humiliations et des dominations, le combat résolu contre les inégalités, l’ambition d’un nouveau mode de développement social et écologique guériront mieux les plaies du monde.
Aujourd’hui nous nous devons de nous opposer à toutes les mesures d’atteintes aux libertés en France et dans le monde…
Au désordre mondial et à la généralisation de la violence, nous opposons l’exigence de sécurité humaine et de paix. Nous en appelons à la fraternité humaine, à la coopération et au rassemblement des peuples.
L’histoire ne se répète pas, mais elle doit être interrogée pour aiguiser notre jugement et préparer nos réponses combatives face à ce qui se mijote dans la cocotte du libéralisme.
Agissons pour le refus de la violence à GIVORS en France et dans le monde et développons la culture de la paix, de désarmement et de la fraternité.
Face à la crise de régime et à la montée de l’extrême droite.
Notre rôle est de redonner confiance à ceux qui désespèrent. Nous pouvons apporter une réponse unitaire à travers des luttes sociales communes.
Nous avons pour volonté d’aboutir à une union plus grande que les forces déjà accumulées.
Nous appelons au rassemblement le plus large possible.
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