
Le PCF réaffirme son engagement indéfectible en faveur de la paix, de la justice sociale et de la solidarité internationale. Il appelle nos concitoyens et concitoyennes à refuser les logiques de guerre qui pourraient entraîner la France vers une confrontation globale meurtrière. L’exacerbation des rapports de force internationaux atteint un niveau de danger inédit depuis plusieurs décennies. Nos concitoyen·nes s’inquiètent à juste titre des récentes évolutions mondiales, dans un monde de plus en plus multipolaire, marqué par des affrontements grandissants entre puissances capitalistes et prétentions impérialistes renforcées.
L’annonce d’une proposition entre l’Ukraine et les États-Unis d’un cessez-le-feu de trente jours renouvelables peut être une première avancée diplomatique en trois ans. Si elle se concrétise, cela sera un grand soulagement pour les populations victimes de la guerre. Le PCF appelle à en faire une opportunité pour lancer les négociations pour une paix juste et durable en Ukraine, pour résoudre les causes du conflit et non pour préparer une escalade supplémentaire !
À cette heure, les défis sont toujours immenses pour la paix et la sécurité collective du continent européen. C’est vrai partout dans le monde tant le nombre de conflits a explosé ces dernières décennies et sont en germe dans les politiques actuelles. Aux côtés des Français et des Françaises et de tous les peuples, le PCF sonne l’alarme. Il affirme que la fuite en avant guerrière n’est pas inéluctable et appelle à une réaction forte et immédiate pour la paix, la sécurité collective. Il appelle à donner à la France une voix indépendante pour la paix et un nouvel ordre du monde.
Stop à la fuite en avant capitaliste et guerrière
Donald Trump n’agit en rien pour la paix comme il le prétend.
Le Président américain concentre les forces de son État sur la confrontation avec la Chine pour maintenir l’hégémonie américaine au service des intérêts du grand capital étatsunien. Outre sa politique douanière agressive, son bras de fer sans précédent pour attirer les capitaux du monde entier et consolider le dollar exacerbe la guerre économique et assèche les capitaux dans les économies. Il veut à tout prix sauver l’hégémonie du dollar mise en cause par les BRICS alors que celle-ci fait souffrir les peuples de toute la planète. C’est le terreau du ravivement des guerres et tensions profondes de notre monde. Il somme les européens à collaborer à cette domination en participant eux-mêmes au sauvetage du dollar et exacerbe les divisions entre les États de l’UE. Il recherche leur capitulation dans tous les domaines en commençant par accélérer leur effondrement industriel. Par sa politique visant à censurer la science, c’est toute la recherche au niveau mondial ainsi que les politiques climatiques et sanitaires qui sont menacées. Sa politique de relance de l’extraction d’énergies fossiles et de dénonciation de l’accord de Paris est irresponsable. Au Nord et au Sud des États-Unis, il multiplie les revendications territoriales (Groenland et Panama) pour s’emparer du contrôle des réseaux commerciaux. Et il décide de replacer Cuba dans la liste des États finançant le terrorisme. Au Proche-Orient, il s’associe au gouvernement d’extrême droite de B. Netanyahou contre les droits nationaux du peuple palestinien. Nous sommes aux côtés de tous les peuples menacés par cette politique et des forces politiques, sociales, syndicales et citoyennes de la gauche américaine.
Vladimir Poutine poursuit son agression contre l’indépendance de l’Ukraine.
Par son action contre le droit international, sa responsabilité est immense dans cette guerre qui est devenue en trois ans une véritable boucherie. Son discours s’inscrit dans un courant autoritaire et réactionnaire aux références idéologiques et politiques ancrée dans le chauvinisme grand-russe et prétend avoir une portée civilisationnelle contre « l’Occident » considéré comme un bloc. Ses objectifs de guerre sont doubles : construire une nouvelle étape du capitalisme russe et de ses relations avec l’oligarchie en renforçant son économie et en stoppant la fuite des capitaux à l’étranger ; et étendre sa domination sur son environnement proche en consolidant ses conquêtes territoriales en Ukraine, en faisant tomber le pouvoir à Kiev, en multipliant les ingérences et en déstabilisant certains États européens. La chute du système sécuritaire européen du fait de l’extension de l’OTAN à l’Est, le non-respect des accords de Minsk et le non-règlement de la guerre à l’Est de l’Ukraine depuis 2014 figurent parmi les causes du conflit qui devront être prises en compte dans la solution diplomatique.
Nous sommes aux côtés des peuples ukrainien et russe qui ont droit à la paix et à la sécurité et dont une partie importante souhaite arrêter la guerre. Nous sommes aux côtés des peuples soudanais et de République Démocratique du Congo, victimes des prédations des puissances régionales et internationales qui se disputent les richesses du sous-sol. Nous exigeons aussi le respect des droits des peuples de Syrie, des Kurdes et des Alaouites, au sein d’une Syrie qui doit être démocratique et dont l’intégrité territoriale est respectée.
Face à ces nouveaux rapports mondiaux, les dirigeants capitalistes européens au premier rang desquels figure le gouvernement français et Emmanuel Macron, sont confrontés à l’impasse de leur propre politique néolibérale et atlantiste pour l’Union Européenne.
La construction européenne est enfermée dans la soumission aux États-Unis, à l’OTAN et au dollar, et affaiblie par sa politique de désindustrialisation, y compris dans le domaine militaire. Leur unique réponse est l’instauration d’une économie de guerre, prétexte pour certains à un saut fédéraliste, et pour développer de nouvelles attaques contre la sécurité sociale, les retraites, le temps de travail, les salaires et les politiques environnementales ; ainsi que le renforcement d’une politique de blocs c’est-à-dire d’une accélération de la marche à la guerre et une exacerbation des menaces. Trump et Poutine doivent se féliciter. Le premier voit sa politique de transfert du fardeau d’une guerre sans issue à l’Europe fonctionner pleinement. Le second prend prétexte de cette politique pour justifier a posteriori son agression de l’Ukraine.
Affirmer comme l’a fait Emmanuel Macron que la Russie est une « menace existentielle » pour la France est dangereux car cela nous fait entrer dans une logique d’escalade au lieu de mener une politique diplomatique réaliste et ambitieuse pour la paix. Les objectifs de guerre de Vladimir Poutine sont suffisamment graves pour ne pas entrer dans une surenchère face à une puissance nucléaire. Il n’y a pas de solution militaire en Ukraine. Le PCF s’oppose à l’européanisation de la dissuasion nucléaire française qui constituerait une rupture avec les choix historiques de la France pour prendre le risque d’une confrontation entre puissances nucléaires sur le sol européen. Le fédéralisme européen armé et nucléarisé est un danger pour l’ensemble des peuples du continent.
Agir pour la paix, la sécurité collective et un nouvel ordre du monde
La France doit dès maintenant réinvestir les cadres internationaux de négociation pour un désarmement global et multilatéral, en revivifiant le TNP (traité sur la non-prolifération des armes nucléaires). Aucun engagement nouveau n’a été pris depuis 1995. La France doit signer le traité TIAN (Traité d’Interdiction des armes nucléaires) de l’ONU, en siégeant dans un premier temps comme observateur.
Plutôt que d’encourager les tentations bellicistes qui entraînent les peuples vers la catastrophe, il faut porter en Europe une voix forte en faveur de la paix et du droit. Seul le respect des principes de la charte des nations unies, du droit international, et la résolution diplomatique des causes de conflit dans des cadres multilatéraux comme l’est l’ONU permettra d’ouvrir la voie d’un nouvel ordre du monde, anti-impérialiste, de nations et de peuples souverains et associés. L’auto-détermination et la sécurité collective des peuples est notre boussole, dans le monde entier.
La politique de la France doit reposer sur trois piliers pour relever les défis de notre siècle :
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Une politique de paix, menée en toute indépendance de l’OTAN et des États-Unis, contribuant à la construction d’un nouvel ordre du monde fondé sur la coopération internationale entre peuples libres, souverains et associés pour atteindre les objectifs de développement durable de l’ONU et relever les grands défis de l’humanité : pauvreté, emploi, inégalités, climat, bien communs, services publics ;
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Le progrès social et écologique par une nouvelle industrialisation et le développement des services publics ;
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La construction d’une défense nationale indépendante avec un renforcement des liens entre l’armée, la nation, le peuple, pour se protéger et non se projeter vers de nouvelles guerres extérieures.
La France doit prendre une initiative pour une paix juste en Ukraine. L’heure est plus que jamais à porter une solution politique et diplomatique, avec l’Ukraine, la Russie, les États européens et les pays du sud global qui ont fait des propositions de paix, sous les auspices des Nations unies, avec pour base la souveraineté et la neutralité de l’Ukraine, sur les principes de la charte des Nations unies, de l’Acte final de la conférence d’Helsinki et de l’autodétermination des peuples. Cela doit mener à une conférence de sécurité collective pour l’ensemble du continent, avec la sortie et la dissolution de l’OTAN et une reprise des négociations pour un désarmement global en Europe. À court terme et comme première étape, notre pays a les capacités de sortir du commandement militaire intégré de l’OTAN.
Cette action politique et diplomatique doit s’étendre au Proche et au Moyen Orient. Face aux menaces de D. Trump, de B. Netanyahou et de l’islamisme, le PCF est mobilisé pour une paix juste et durable entre Palestinien·nes et Israélien·nes et appelle à la reconnaissance immédiate par la France de l’État de Palestine aux côtés de l’État d’Israël. Le PCF renforce dans cet objectif le déploiement de sa campagne avec l’OLP. Il exige la poursuite de la trêve à Gaza, avec la libération des otages israélien·nes et des prisonnier·ères politiques palestinien·nes, et un plan de reconstruction de Gaza mis en œuvre par les représentants du peuple palestinien. Le PCF exige l’évacuation totale de l’armée israélienne du territoire libanais telle que cela est prévu dans les accords de cessez-le-feu.
L’heure est à débattre de notre conception de la défense nationale et des moyens à y consacrer. Les 800 milliards de dépenses militaires supplémentaires par l’UE sont destinés à enrichir les marchands de canons et constituent une nouvelle étape dans l’escalade. Nous refusons cette logique de surarmement alors que la France dépense déjà 50,5 milliards d’euros pour son budget militaire. La politique de défense que nous portons nécessite la construction d’un pôle public de défense, au service des besoins capacitaires de la défense nationale, en toute indépendance de l’OTAN et des États-Unis, et non au service des intérêts capitalistes de l’exportation d’armes. Notre ambition doit aller de pair avec une grande politique de renouveau industriel de la France, avec le fait de privilégier l’emploi et la formation, et de déployer la recherche en grand avec le souci de technologies duales, militaires et civiles. Cela implique de déployer les investissements nécessaires en lien avec les travailleur·ses des industries stratégiques. Des coopérations européennes sont nécessaires, pour construire des alternatives aux GAFAM et à Starlink, notamment dans le domaine spatial avec Galileo et Iris2. Il s’agit, dès à présent, de planifier une politique pour dix ans.
Notre exigence globale est de mettre au cœur des politiques l’emploi et le développement des capacités humaines et non le capital et le « travailler toujours plus ». Pour cela, la sécurité collective est nécessaire. C’est le moyen de sortir de la mise en concurrence mortelle des différents besoins sociaux. Pour cela, il faut rompre avec l’austérité. De nombreuses voix le réclament, en France, en Allemagne, et même au niveau européen.
Les dépenses sociales, écologiques qui sont prioritaires et celles pour une défense nationale qui nous protège peuvent être financées ensemble par une réorientation de l’argent public, des banques et des entreprises. Elles exigent l’abolition des règles budgétaires européennes dans tous les domaines, une réforme fiscale juste, une mobilisation du crédit bancaire et une réorientation de la BCE (Banque Centrale européenne), pour des avances permettant d’aller au-delà des disponibilités actuelles. Le PCF appelle à la création d’un Fonds européen pour les dépenses des États en faveur des services publics, financé par la BCE à 0%, et à gestion démocratique.
La situation montre que la construction d’un nouvel ordre du monde doit être mis à l’ordre du jour.
Les exigences d’un monde multipolaire hors des politiques de blocs et d’un autre ordre économique et financier mondial, portées entre autres au sein des BRICS, sont un point d’appui.
Apporter une réponse urgente aux défis posés par les inégalités internationales, l’urgence sociale marquée par la pauvreté et la précarité, l’urgence écologique marquée par le réchauffement climatique et la disparition de la biodiversité est nécessaire.
Il faut pour cela des financements communs massifs pour les biens communs et les services publics, pour une nouvelle industrialisation décarbonée du monde et la maîtrise des défis aux libertés posés par l’intelligence artificielle (IA) et la révolution informationnelle. Le PCF appelle à la création d’une véritable monnaie commune mondiale, émancipée de la domination du dollar, à cette fin.
L’heure est à dépasser le système capitaliste et son système de concurrence.
Le PCF appelle à la coopération des nations et des peuples du monde pour une refonte des institutions internationales, en particulier l’ONU, l’OMC et le FMI, pour révolutionner les rapports mondiaux et le système financier.
Le PCF appelle l’ensemble des forces vives du pays, syndicales, associatives, citoyennes, forces politiques de gauche, en France et en Europe, à agir ensemble pour la paix et la sécurité collective et à construire les conditions politiques et organisationnelles d’une riposte d’ampleur aux forces d’extrême droite.
Résolution du Conseil national du PCF – 15 mars 2025
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