• 25 rue Jean Marie Imbert 69700 GIVORS
  • Numéro gratuit 1660-6767-8909
  • Journal international
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Avec l’entrée de Missak Manouchian au Panthéon ce 21 février, c’est toute la résistance étrangère qui est célébrée. Dans son groupe, ils étaient 23 : juifs, Espagnol, Hongrois, Polonais, Italiens, Roumaine, Arméniens, communistes. Ils ont défié l’occupant allemand. Ils furent traqués sans relâche par les brigades spéciales de la police française jusqu’à leur arrestation, avant d’être exécutés le 21 février 1944 au Mont-Valérien. De jeunes doctorants et historiens ont pris la plume pour retracer la vie de ces 23 martyrs.

 

Aragon les a mis en vers, Léo Ferré les a chantés. Ils n’avaient « réclamé ni la gloire ni les larmes ». Les 23 membres du groupe Manouchian, cette « armée du crime » comme l’avait baptisé l’occupant nazi, venaient des quatre coins de l’Europe. Espagne, Hongrie, Pologne, Roumanie, Arménie. Pour la plupart, ils avaient déjà connu le combat : en Espagne pour défendre la république contre Franco. Pour d’autres, c’était contre le fascisme italien.

Quand ils tombent le 21 février 1944 au Mont-Valérien, ils sont très jeunes. Thomas Elek, Georges Cloarec, Rino Della Negra, Maurice Fingercweig, Léon Goldberg, Robert Witchitz et Roger Rouxel ont à peine 20 ans. Célestino Alfonso, Jonas Geduldig, Spartaco Fontanot, eux, ont moins de 30 ans. 10 d’entre eux apparaissent sur « l’Affiche rouge » placardée par l’occupant dans tout Paris. De jeunes doctorants et historiens retracent la vie de ces 23 martyrs.

Celestino Alfonso : le brigadiste espagnol tombe à 27 ans

Par Léo Rosell, historien

 

Celestino Alfonso est né le 1er mai 1916 à Ituero de Azaba en Espagne. En 1927, sa famille immigre en France et s’installe à Ivry-sur-Seine, près de Paris. En 1934, il adhère aux JC et devient responsable du groupe d’Ivry. Il travaille comme menuisier et manœuvre, puis il s’engage en 1936 dans les Brigades internationales, dont il devient capitaine en 1938 après une blessure.

Contraint à l’exil, comme près de 500 000 autres républicains espagnols, il est interné au camp d’Argelès, dans les Pyrénées-Orientales. Il en sort le 7 décembre 1939 en intégrant une compagnie de travailleurs étrangers. En juin 1940, il revient à Paris, où il est arrêté le 17 janvier 1941.

Libéré, en février il part travailler en Allemagne jusqu’au 18 juin 1941. Il milite dans le même temps à la section espagnole du Parti communiste clandestin. Après plusieurs mois passés à Orléans pour échapper aux arrestations, il entre en contact en juillet 1943 avec Missak Manouchian.

Sous le pseudonyme de « Pierrot », il intègre une équipe spéciale constituée de Léo Kneler et de Marcel Rajman. Désigné comme tireur d’élite, il prend part à plusieurs opérations, dont l’assassinat de Julius Ritter, officier SS supervisant le STO (Service du travail obligatoire) en France, le 28 septembre.

Alfonso est arrêté le 17 novembre entre son domicile du 16, rue de Tolbiac, où il loge avec sa compagne et son fils, et le domicile de ses parents à Ivry-sur-Seine. Il est fusillé le 21 février 1944 au Mont-Valérien, à l’âge de 27 ans. On le retrouve sur la célèbre Affiche rouge, avec la mention : « Alfonso, Espagnol rouge, 7 attentats ». Après la Libération, sa dépouille est transférée dans le carré des fusillés, au nouveau cimetière communal d’Ivry. Le 14 mai 1945, il est déclaré « Mort pour la France », tandis que, depuis le 27 juillet suivant, une rue d’Ivry porte son nom.

Olga Bancic : la seule femme du groupe, guillotinée quelques jours avant ses 32 ans

Par Éloïse Dreure, historienne

 

 

Née en 1912 à Kichinev, en Roumanie, dans une famille juive, Olga Bancic part, à 16 ans, pour Bucarest et adhère aux Jeunesses communistes. Arrêtée lors d’une manifestation, elle passe deux années en prison et, à sa sortie, entre en clandestinité.

Elle part pour la France en 1938 et, dès les débuts de l’Occupation, s’engage au sein de l’organisation clandestine Main-d’œuvre immigrée (MOI), des étrangers communistes, puis, dans sa branche de lutte armée, les FTP-MOI. Sous le matricule 10011 et le pseudonyme « Pierrette », elle a pour fonction d’assembler les bombes et les explosifs, d’assurer le dépôt, mais surtout le transport des armes et munitions. Une chambre louée, dès 1943, au 6e étage du 3, rue Andrieu (8e arrondissement), sous le nom de Mme Martin, lui sert de lieu de stockage.

Le 16 novembre 1943, lors d’un rendez-vous avec Marcel Rajman, elle est arrêtée rue du Docteur-Paul-Brousse par six inspecteurs de la BS2. Interrogée dans les locaux des brigades spéciales, elle est battue à coups de nerf de bœuf et incarcérée le 27 novembre à la prison de Fresnes, avec 23 autres membres des FTP-MOI.

Seule femme parmi les 24 accusés, elle est aussi la seule à ne pas être fusillée au fort du Mont-Valérien le 21 février 1944.

Seule femme parmi les 24 accusés qui comparaissent le 18 février 1944 devant le tribunal du Gross Paris, elle est aussi la seule à ne pas être fusillée au fort du Mont-Valérien le 21 février 1944. L’occupant a, en effet, pour règle de ne pas exécuter de femmes en France.

Le 23 mars 1944, la chambre de la rue Andrieux est perquisitionnée, les policiers y trouvent des armes de poing et des engins explosifs et identifient Mme Martin comme étant Olga Bancic. Transférée en Allemagne, elle est guillotinée, dans la cour de la prison de Stuttgart, le 10 mai 1944, jour de son 32e anniversaire.

Sa dernière lettre, datée du 9 mai 1944, jetée par une fenêtre lors de son transfert à Stuttgart, est pour sa fille, âgée de 5 ans et prénommée Dolorès, en hommage à Dolorès Ibarruri, la Passionaria. Elle est reconnue « Morte pour la France » le 14 décembre 2011.

 

Joseph Boczor : le « chef dérailleur » de l’Affiche rouge

par Dimitri Manessis, historien

 

 

Boczor. Ou Boczov ? On bute sur l’orthographe. Francisc (ou Ferenz) Wolf ne livre pas facilement son identité. On écorche son nom, qui est en fait un pseudonyme. On doute sur son prénom. On lui confère la nationalité hongroise, et le voilà responsable, dans un camp français, après une défaite espagnole, d’un groupe roumain. Cet étudiant en Tchécoslovaquie devient guérillero en France. On pense être pris de vertiges. C’est que le parcours s’inscrit dans les bouleversements de son siècle.

Né en Transylvanie dans une famille juive en 1905, Francisc Wolf rejoint les Jeunesses communistes au lycée. Étudiant à Prague, il rejoint les Brigades internationales en Espagne. Interné par la France de Daladier dans le camp d’Argelès (Pyrénées-Orientales) puis de Gurs (Pyrénées-Atlantiques) en 1939, il s’évade deux ans plus tard du train qui le déporte en Allemagne et rejoint l’Organisation spéciale de la MOI. Il prend alors le nom de Joseph Boczor (changé en Boczov par erreur de transcription), clin d’œil à un camarade de lycée.

Ses connaissances techniques, acquises aussi bien lors de sa formation d’ingénieur chimiste que lors des combats espagnols, font de lui le chef (matricule 10003) du 4e détachement des FTP-MOI de la région parisienne. Il se spécialise dans les déraillements des trains transportant les troupes du Reich. Le 17 novembre 1943, Boczor est arrêté par la police française comme 67 de ses camarades. À 38 ans, le « chef dérailleur » de l’Affiche rouge est un des plus vieux parmi ses compagnons à être fusillé le 21 février 1944.

La postérité retient plusieurs années le « groupe Manouchian-Boczor ». Puis ce dernier disparaît de l’intitulé. On pense à l’ingénieur du film le Terroriste de Gianfranco De Bosio, qui, comme de nombreux partisans chantés par la Complainte du partisan, « rentre dans l’ombre ». Pour mieux en ressortir ? Il est reconnu « Mort pour la France » le 17 avril 1972.

Georges Cloarec : à 19 ans, le Français rejoint les FTP

par David Noël, historien

 

 

Né le 22 décembre 1923 à Saint-Lubin-des-Joncherets dans l’Eure-et-Loir, Georges Cloarec est le fils de Léon, ouvrier d’usine, et de Valentine, née Daniou, tisserande.

Ouvrier agricole à Droisy-par-Nonancourt (Eure), il gagne la zone sud dès l’occupation allemande pour s’engager dans les forces de la France libre à Londres, mais n’y parvient pas.

En septembre 1943, il quitte son département natal, où il était revenu, pour se rendre à Alfortville, dans le Val-de-Marne, chez son oncle Louis Cloarec, afin d’échapper au STO. Il y rencontre Luigi Marconi, qu’il avait connu à Nonancourt, à la sortie des Tréfileries d’Ivry où il travaillait.

Marconi le met en contact avec Eugène Martinelli, qui lui propose d’entrer dans les FTP. Georges Cloarec est affecté au 3e détachement italien des FTP-MOI. Il loge à Vitry-sur-Seine sous la fausse identité de « Philippe Laurent ».

Le 20 octobre 1943, il lance une grenade contre la vitrine d’un restaurant occupé par les Allemands ; quelques jours plus tard, aux côtés de Cesare Luccarini et Robert Witchitz, il prend part à un attentat contre un membre du PPF (Parti populaire français). Le 4 novembre, il participe à une opération de récupération de bicyclettes dans un garage à Vincennes.

Arrêté le 13 novembre par les inspecteurs de la BS2, il comparaît le 18 février 1944 devant le tribunal du Gross Paris, qui le condamne à mort. Georges Cloarec est fusillé le 21 février 1944 à 15 h 29 au Mont-Valérien avec les 22 autres condamnés du groupe Manouchian. Il est reconnu « Mort pour la France ».

Rino Della Negra : le footballeur italien choisit les armes

Par Dimitri Manessis, historien

 

 

Rino Della Negra naît le 18 août 1923 à Vimy. C’est en banlieue parisienne, à Argenteuil, qu’il grandit, se forme et se forge à partir de 1926. Il y côtoie des Italiens comme lui, faisant vivre une petite Italie antifasciste, dans le quartier Mazagran. Ses copines et ses copains sont des « rouges », côtoyant les cercles du PCI en exil et s’engageant dans les Brigades internationales. Tous et toutes participent à l’atmosphère très politique dans laquelle baigne le jeune Rino.

C’est le football qui a la préférence du jeune ajusteur, qu’il pratique assidûment dans les clubs locaux, les uns liés au sport « corpo », celui de l’usine, les autres à la FSGT (Fédération sportive et gymnique du travail), la grande organisation du sport « travailliste ».

Brillant sur les terrains, il est recruté pour la saison 1943-1944 au sein du prestigieux Red Star. L’histoire pourrait continuer ainsi, si ce n’est la convocation au STO, le refus de Rino, son passage en clandestinité et sa volonté de mener, à son tour, la lutte antifasciste les armes à la main. Dès le début de l’année 1943, alors que la carrière du footballeur amateur ne cesse de gagner en importance, Della Negra fait le choix des armes.

Au sein des FTP d’Argenteuil, puis dans le 3e détachement des FTP-MOI de la région parisienne, il multiplie les actions contre l’occupant et ses collaborateurs. Attaquant un transport de fonds allemand aux côtés de Robert Witchitz le 12 novembre 1943, il est blessé, arrêté. Fusillé le 21 février 1944, il demandait à ses parents de « faire comme [s’il était] au front », et à son frère et ses amis de « prendre une cuite » pour lui. Il est reconnu « Mort pour la France » le 24 novembre 1950.

Thomas Elek : l’élève du lycée Louis-le-Grand devient dérailleur de trains

Par Zoé Grumberg, historienne

 

 

Thomas Elek, souvent appelé Tommy, est né le 7 décembre 1924 à Budapest (Hongrie) dans une famille juive athée et communiste. La famille quitte la Hongrie pour Paris en avril 1930 en raison de l’engagement politique du père. En France, les époux sont membres du Parti communiste hongrois clandestin et du Secours rouge international. Ils militent en faveur de l’aide à l’Espagne républicaine.

En 1940, la famille se fait recenser comme juive auprès des services de la préfecture de police de Paris. Elle refuse pourtant de porter l’étoile jaune et les enfants fréquentent clandestinement des lieux interdits aux juifs.

En 1941, Thomas quitte le lycée Louis-le-Grand après une altercation avec un camarade antisémite. Dans le restaurant tenu par sa mère dans le 5e arrondissement, il rencontre des étudiants membres du réseau de résistance du Musée de l’homme. Il cache derrière la cuisine du restaurant du matériel pour confectionner et coller des tracts et papillons avec ces étudiants. Il est par ailleurs adhérent des Jeunesses communistes.

En août 1942, Thomas s’engage dans les FTP-MOI. Il est à l’origine de plusieurs actions au sein du 1er détachement, notamment l’attentat perpétré à la librairie franco-allemande Rive gauche boulevard Saint-Michel le 9 novembre 1942. En juillet 1943, il rejoint le 4e détachement, dit des dérailleurs, chargé de faire dérailler des convois ferroviaires allemands. L’équipe tombe à la fin du mois de novembre 1943.

Thomas est arrêté dans sa planque du 14e arrondissement par les brigades spéciales. Il est livré aux Allemands, emprisonné à Fresnes pendant trois mois et torturé. Il apparaît sur l’Affiche rouge. Condamné à mort, il est fusillé au Mont-Valérien le 21 février 1944. Il est reconnu « Mort pour la France » le 13 avril 1947.

Maurice Fingercweig : le Polonais qui opère sur la ligne Paris-Troyes

Par Jean Vigreux, historien

 

 

Né dans une famille juive polonaise de Varsovie le 25 décembre 1922, Moska (Maurice) Fingercweig arrive en France en 1926. Il est orphelin de sa mère à 11 ans, son père est ouvrier tailleur, et c’est son frère aîné qui s’occupe de lui et l’initie à la vie politique, lui-même étant engagé aux Jeunesses communistes.

Maurice Fingercweig entre aux JC en 1940. Son frère et son père sont arrêtés lors des rafles de 1942 et déportés à Auschwitz.

Il s’engage au sein de la MOI et devient FTP-MOI, sous le matricule 10152. Il participe alors à de nombreuses actions des FTP-MOI, puis rejoint l’équipe des dérailleurs. Dans ce cadre, il opère souvent sur la ligne de Paris-Troyes.

Lors de l’une de ces actions, il est repéré avec ses camarades et suivi par les BS2 jusqu’à la préfecture de l’Aube, mais ils arrivent à semer les policiers et réussissent leur opération de sabotage à Chaumont en Haute-Marne.

Toutefois, Maurice Fingercweig est arrêté le 17 novembre 1943 par les BS2 lors de la troisième filature, avec des faux papiers au nom de « Jean Bourdier ». Il est jugé avec ses camarades le 18 février 1944 et fusillé le 21 février 1944. Il fait partie des MOI représentés en médaillon sur l’Affiche rouge avec cette mention : « Fingerweig, juif polonais, 3 attentats, 5 déraillements ». Il est reconnu « Mort pour la France » le 10 juin 1971.

Spartaco Fontanot : l’antifasciste italien intègre l’équipe spéciale chargée des exécutions de hauts gradés

Par Corentin Lahu, historien

 

 

Spartaco Fontanot, né en Italie le 17 janvier 1922, est arrivé en France à l’âge de 2 ans. Avec ses parents, réfugiés antifascistes italiens, il s’installe dans le Nord puis déménage à Nanterre. Après avoir obtenu un CAP, Spartaco Fontanot travaille comme tourneur sur métaux à Courbevoie et milite à la CGT.

Après l’arrestation de son père et de sa sœur, il entre en clandestinité le 1er avril 1943, craignant d’être requis pour aller travailler en Italie. Il rejoint la Résistance communiste et intègre le 3e détachement des FTP-MOI de la région parisienne, composé d’Italiens. Agissant sous le pseudonyme « Paul », il est ensuite affecté à l’équipe spéciale chargée des exécutions de hauts gradés.

Son nom figure sur l’Affiche rouge avec l’inscription : « Fontanot, communiste italien, 12 attentats »

Le 10 juin 1943, il participe au commando qui attaque à la grenade le siège du parti fasciste italien à Paris. Dans les mois suivants, il mène d’autres actions armées avec les FTP-MOI : attaque de la Feldkommandantur à Choisy-le-Roi le 10 juillet, attentat manqué le 28 juillet contre le général von Schaumburg (commandant du Grand Paris), exécution d’un capitaine allemand au Kremlin-Bicêtre le 20 août, jet de grenade contre un restaurant parisien occupé par les Allemands le 20 octobre…

Arrêté le 13 novembre 1943 par les brigades spéciales, il est torturé puis livré aux Allemands. Emprisonné à Fresnes, il est condamné à mort et fusillé le 21 février 1944 au Mont-Valérien. Son nom figure sur l’Affiche rouge avec l’inscription : « Fontanot, communiste italien, 12 attentats ». Il est reconnu « Mort pour la France » le 29 août 1946.

Jonas Geduldig : le juif polonais se réfugie en Palestine avant d’intégrer la FTP-MOI

Par Jean Vigreux, historien

 

Né le 22 janvier 1918 en Pologne dans une famille juive, il entre très jeune au sein des rangs communistes. Face aux répressions, il quitte son pays pour la Palestine, où il rejoint son frère aîné. Prenant conscience du danger fasciste, il s’engage dans les Brigades internationales et est blessé au front.

En France, il est interné dans les camps de Gurs et Argelès, d’où il s’échappe et rejoint Paris. Là, il reprend son militantisme sous l’identité de « Michel Martiniuk » et rejoint la MOI. Il s’emploie à saboter les machines des ateliers de confection ou de fourrures qui doivent travailler pour l’occupant.

Dès novembre 1941, il fait partie des organisations du PCF, qui, entre autres, assurent la protection dans les manifestations, comme celle de la solidarité le 11 novembre 1941. Dès avril 1942, il rejoint les FTP-MOI et fait partie du 2e détachement, constitué de juifs. Là, il participe à la lutte armée, puis est affecté en 1943 au groupe des dérailleurs (matricule 10602).

Avec ses camarades, il participe à de nombreuses actions sur la ligne Paris-Troyes. Repéré dès octobre 1943 par les BS2, qui le nomment « Pailleron », il est arrêté à son domicile lors de la troisième filature le 17 novembre 1943 et jugé avec ses camarades. Fusillé le 21 février 1944 au Mont-Valérien, il est reconnu « Mort pour la France » le 17 avril 1972.

Emeric Glasz : pour le Hongrois de 41 ans, la « vie ne vaut rien sans liberté »

Par Corentin Lahu, historien

 

Emeric Glasz, né à Budapest le 14 juillet 1902, doit fuir la Hongrie de l’amiral Horthy, qui réprime brutalement les militants communistes. Arrivé en France en 1937, il travaille comme ouvrier mécanicien. Lorsque la guerre éclate, il s’engage dans l’armée française, au sein du 23e régiment de marche des volontaires étrangers. Après sa démobilisation en 1940, il revient à Paris.

Dès 1941, il intègre l’Organisation spéciale (OS), mise en place par le PCF pour protéger ses militants et entreprendre les premières actions de résistance armée. L’année suivante, il rejoint – sous le pseudonyme « Robert » – le premier détachement des FTP-MOI de la région parisienne, avant d’être affecté au 4e détachement, dit des dérailleurs, spécialisé dans les déraillements.

Le 11 septembre 1943, il participe à une tentative de déraillement près de Châlons-sur-Marne. Trois jours plus tard, il fait dérailler un train allemand vers Gretz, sur la ligne Paris-Troyes.

Le 23 septembre, il sabote une voie ferrée à Coubert (Seine-et-Marne), puis participe au déraillement le 26 octobre d’un train à Grandpuits.

Emeric Glasz est arrêté le 17 novembre 1943, lors du vaste coup de filet opéré par les brigades spéciales contre les FTP-MOI. Lors du procès du groupe Manouchian, il aurait déclaré aux juges : « J’ai vécu pendant sept mois dans l’illégalité. C’est à ce prix seulement que je pouvais garder ma liberté. Car la vie ne vaut rien sans liberté. » Emeric Glasz est fusillé le 21 février 1944. Il est reconnu « Mort pour la France » le 3 août 1971.

Lajb (Léon) Goldberg : après avoir échappé à la rafle du Vel’d’Hiv, le Polonais rejoint les FTP-MOI

Par Corentin Lahu, historien

 

 

Lajb (Léon) Goldberg naît à Lodz, en Pologne, le 14 février 1924. Avec sa mère, il émigre à Paris en 1929, rejoignant son père parti un an plus tôt. Après avoir fréquenté l’école primaire de Belleville, Léon décroche brillamment une bourse et obtient son brevet élémentaire.

Il étudie durant deux ans au centre professionnel de l’école Turgot, jusqu’en mai 1942, avant d’accomplir un stage à l’usine métallurgique Rateau à la Courneuve.

Le 16 juillet 1942, ses parents et ses deux frères sont arrêtés lors de la rafle du Vel’d’Hiv‘, puis déportés à Auschwitz, d’où ils ne reviendront pas.

Léon Goldberg, qui échappe à l’arrestation, se réfugie chez les parents de sa fiancée et décide de rejoindre les FTP-MOI. D’abord affecté au 2e détachement, essentiellement composé de Juifs polonais, il rejoint en juillet 1943 le détachement des dérailleurs sous le pseudonyme de « Julien ».

Selon les rapports des brigades spéciales, chargées de la traque des résistants, Léon Goldberg participe à 12 déraillements ou tentatives de sabotage de chemins de fer.

Après la destruction d’un train de marchandises allemand sur la ligne Paris-Troyes, à Grandpuits (Seine-et-Marne), il est arrêté le 26 octobre par les brigades spéciales après plusieurs semaines de filature. Il est torturé puis emprisonné à Fresnes, après avoir été livré aux Allemands. C’est au lendemain de son 20e anniversaire que s’ouvre le procès des FTP-MOI de la région parisienne. Condamné à mort, il est fusillé le 21 février 1944. Il est reconnu « Mort pour la France » le 15 février 1949.

Szlama Grzywacz : le juif Polonais n’est reconnu « Mort pour la France » que le 18 février 2023

Par Jean Vigreux, historien

 

 

Szlama Grzywacz est né à Dobre en Pologne le 8 décembre 1910 dans une famille juive religieuse. Issu d’un milieu modeste, il entre très vite dans la vie active au sein de la cordonnerie familiale. Il est engagé à 15 ans au sein des Jeunesses communistes, et sa famille lui permet d’accueillir des réunions clandestines dans leur foyer. Toutefois, surveillé par la police du régime autoritaire de Pilsudski, il est arrêté en 1931.

Après quelques années de prison, il ressort plus combatif que jamais, mais doit quitter la Pologne en 1937 et arrive en France en mai comme clandestin.

Arrêté en juin, il doit être expulsé, mais trouve refuge au sein de la famille d’Henri Krasucki. Le jeune militant communiste polonais, marqué par l’antifascisme, s’engage au sein des Brigades internationales et combat en Espagne jusqu’à la fin de la guerre civile.

Interné dans les camps de Gurs et d’Argelès, il s’évade et rejoint Paris, où il milite clandestinement au sein des syndicats de la fourrure où se concentrent de nombreux travailleurs juifs. Puis il rejoint en 1942 les FTP-MOI (matricule 10157) et participe à de nombreuses opérations armées.

Il est arrêté fin novembre 1943 et jugé en février 1944 avant d’être fusillé le 21. Apparaissant comme premier médaillon en photographie sur l’Affiche rouge, « Grzywacz, juif polonais, 2 attentats », n’est reconnu « Mort pour la France » que le 18 février 2023.

Stanislas Kubacki : le militant communiste polonais échappe deux fois à l’arrestation

Par Jean Vigreux, historien

 

Né en Pologne le 2 mai 1908, Stanislas Kubacki quitte son pays pour la France en 1925. Il habite dans le Pas-de-Calais et se marie à 22 ans, avec Geneviève Klébek, et a un fils. La famille quitte la région et s’installe en banlieue parisienne, à Livry-Gargan. Il milite au PCF. Condamné à trois reprises en 1936 pour « vol, coups et blessures, port d’arme, défaut de carnet, rébellion », il doit être expulsé.

Militant convaincu, il s’engage dans les Brigades internationales, puis est interné au camp du Vernet, en Ariège, et à Gurs. Ensuite, il est déporté, mais arrive à s’évader et rejoint les FTP-MOI. Interpellé le 12 mai 1942 par la police, qui saisit des tracts et documents du PCF clandestin, il arrive encore une fois à s’échapper.

Au cours de l’année, il participe à de nombreuses actions, comme l’attaque d’une ferme à Arnouville-lès-Gonesse avec Gustave Migatulski.

Toutefois, il est arrêté à nouveau en décembre 1942 par la BS et transféré rue des Saussaies au Sipo-SD (Sicherheitspolizei und Sicherheitsdienst, police de la sûreté et service de sécurité), communément appelé Gestapo. Il est ensuite conduit à la prison de Fresnes. Jugé et condamné à mort, il est fusillé le 21 février 1944.

En sa mémoire, un bataillon polonais combattant lors de la Libération de Paris porte le nom de Stanislas Kubacki. Il est reconnu « Mort pour la France » le 28 novembre 1945.

Cesare Luccarini : l’antifasciste italien adhère aux Jeunesses communistes en 1940

Par David Noël, historien

 

 

Né le 24 février 1922 à Castiglione dei Pepoli, en Italie, dans une famille antifasciste, Cesare Luccarini rejoignit son père à Pont-à-Vendin, dans le Pas-de-Calais, en 1930 avec sa mère et ses sœurs. Après l’obtention de son certificat d’études, il est embauché comme ouvrier cimentier dans le génie civil à Lille.

Il adhère aux Jeunesses communistes en août 1940 dans la clandestinité. Arrêté en février 1942, il est condamné à deux ans de prison par la cour spéciale de Douai pour distribution de tracts. Incarcéré dix-huit mois à la prison de Cuincy puis au camp de travail de Watten-Éperlecques dans le Pas-de-Calais, il s’en évade en août 1943 à la suite d’un bombardement de la Royal Air Force.

Emmené à Paris par Eugène Martinelli, il intègre le 3e détachement italien des FTP-MOI sous la fausse identité de « Marcel Châtelain » et participe à de nombreuses opérations entre septembre et novembre 1943, comme l’assassinat le 17 septembre de l’horloger Tagliaferi, qui avait dénoncé plusieurs antifascistes italiens, ou l’attaque à la grenade au Café de l’autobus contre des soldats allemands le 25.

Le 12 novembre, il participe en protection à l’attaque d’un transporteur de fonds allemand rue Lafayette lors de laquelle Robert Witchitz et Rino Della Negra sont arrêtés.

Arrêté le 13 novembre par les inspecteurs de la BS2, il comparaît le 18 février 1944 devant le tribunal du Gross Paris, qui le condamne à mort. Cesare Luccarini est fusillé le 21 février 1944 à 15 h 29 au Mont-Valérien. Il est reconnu « Mort pour la France » le 18 avril 1946.

Armenak Arpen Manoukian : de retour du STO, il intègre le groupe Manouchian

Par Léo Rosell, historien

 

 

Arpen Tavitian est vraisemblablement né le 5 novembre 1895 à Alégouchen, aujourd’hui Azadachen, alors dans l’Empire russe, désormais en Arménie. Il travaille dès l’âge de 14 ans comme mécanicien puis comme typographe. Il rejoint le Parti bolchevique de Géorgie en 1917, puis l’Armée rouge en 1918, au sein de laquelle il participe à la bataille de Bakou.

D’abord simple soldat, il devient officier et commissaire politique en 1920. Cette ascension l’incite à participer plus activement au PCUS (Parti communiste de l’Union soviétique) , en particulier auprès du comité central d’Arménie, de Géorgie et d’Azerbaïdjan. Il en est toutefois exclu à la fin de l’année 1927 pour être une figure de l’opposition de gauche au stalinisme.

Après de nombreux passages en prison, et sous la surveillance du Guépéou (police politique), il parvient grâce à une souscription à s’exiler en France en 1937, où il trouve refuge dans les milieux trotskistes.

À Paris, il se rapproche toutefois rapidement des communistes arméniens. Il part travailler en Allemagne du 14 janvier 1941 au 26 mars 1942. À son retour, il tisse des liens avec Missak Manouchian, qui l’intègre aux FTP-MOI. Il commence alors son action résistante, participant à des déraillements ou à des attaques à la grenade. Au cours d’une opération ratée visant Gaston Bruneton, directeur de la main-d’œuvre française en Allemagne, le 5 octobre 1943, il est blessé et soigné pendant plusieurs semaines par Mélinée Manouchian.

Le 19 novembre 1943, il est arrêté par les brigades spéciales à son domicile, 200, rue de Belleville, à Paris, puis fusillé le 21 février 1944 au Mont-Valérien à 44 ans. Sur sa tombe, dans le carré réservé aux membres du groupe Manouchian au cimetière parisien d’Ivry, une plaque de la République socialiste d’Arménie lui rend hommage. Il est reconnu « Mort pour la France » le 18 septembre 1972.

Marcel Rajman : le juif polonais de 20 ans abat le général SS Julius Ritter

Par David Noël, historien

 

Né en 1923 à Varsovie, Marcel Rajman arrive en France avec ses parents à l’âge de 8 ans. À 10 ans, il entre au Yiddisher Arbeiter Sport Club (Yask), affilié à la Fédération sportive et gymnique du travail (FSGT). Après avoir obtenu son certificat d’études, il commence à travailler avec ses parents comme ouvrier tricoteur.

Son père, Moszek, militant communiste, est raflé en décembre 1941 et déporté le 22 juin 1942 vers Drancy, puis Auschwitz où il est gazé.

Membre de l’Union de la jeunesse Juive, animée par Henri Krasucki, Marcel Rajman appartenait au 2e détachement juif FTP-MOI sous le pseudonyme de « Michel ». Il participe à plusieurs attentats contre les Allemands, notamment celui du 27 février 1943 contre l’hôtel Saint-Honoré, celui du 3 juin 1943 rue Mirabeau contre un autocar transportant des marins allemands ou celui du 28 juillet contre l’automobile du lieutenant-colonel Ratibor.

Le 28 septembre 1943, c’est Marcel Rajman qui parvient à abattre Julius Ritter, le général SS responsable de l’envoi des jeunes Français pour le STO en Allemagne. Marcel Rajman participe encore le 22 octobre avec Celestino Alfonso au grenadage du café la Terrasse, où l’armée allemande avait ses habitudes.

Arrêté le 16 novembre par les inspecteurs de la BS2, il comparaît le 18 février 1944 devant le tribunal du Gross Paris, qui le condamne à mort. Sa mère, Chana, arrêtée elle aussi, est déportée et assassinée à Auschwitz. Marcel Rajman est fusillé le 21 février 1944 à 15 h 40 au Mont-Valérien. Il est reconnu « Mort pour la France » le 17 avril 1972.

Roger Rouxel : « Léon » rejoint les FTP-MOI à l’âge de 16 ans

Par Corentin Lahu, historien

 

Né à Paris le 3 novembre 1925, Roger Rouxel grandit à Vitry-sur-Seine. Après avoir obtenu son certificat d’études primaires, il travaille comme tourneur sur métaux à l’usine de construction mécanique Texier-Dufor, à Ivry-sur-Seine.

Sur proposition de Robert Witchitz, un ancien camarade d’école, Roger Rouxel rejoint les FTP-MOI en mars 1943, à l’âge de 16 ans. Sous le pseudonyme de « Léon », il est affecté au 3e détachement, composé majoritairement d’Italiens.

Le 13 mars 1943, il mène sa première action en assurant la protection de ses camarades lors de l’attaque d’un garage allemand à Paris. Dans les mois suivants, il participe à d’autres attentats à la grenade ciblant les forces d’occupation : le 15 juin contre un débit de boissons parisien fréquenté par des militaires italiens, le 9 juillet dans un hôtel réquisitionné à Noisy-le-Sec, le lendemain contre la Feldkommandantur à Choisy-le-Roi ou encore le 25 septembre dans un café parisien accueillant des soldats allemands.

Le 11 août, il accompagne Robert Witchitz porte de Saint-Ouen pour exécuter un membre du parti franciste qui avait fait emprisonner des communistes. Les deux anciens camarades de classe réitèrent l’opération le 4 septembre en tuant un soldat allemand près de la porte d’Ivry.

Roger Rouxel est arrêté le 14 novembre, deux jours après l’attaque d’un convoyeur de fonds allemand qui tourne mal. Torturé par les brigades spéciales puis livré aux Allemands, il est condamné à mort et fusillé le 21 février 1944. Il est reconnu « Mort pour la France » le 14 décembre 1945.

Antoine Salvadori : l’Italien attaque une maison de tolérance fréquentée par les Allemands

Par Léo Rosell, historien

 

Né le 13 juin 1920 à San Gregorio Parmense en Italie, Antoine Salvadori travaille comme cimentier, avant de devenir mineur à Lens. Pour éviter d’être mobilisé en Italie, il quitte la région pour Paris avec l’aide d’Eugène Martinelli, secrétaire régional de l’Union populaire italienne (UPI) avant guerre.

Il travaille à partir du 1er septembre 1943 comme plongeur à l’organisation Todt, groupe de génie civil et militaire allemand. Il loge alors dans un hôtel au 30, avenue de Choisy, dans le 13e arrondissement de Paris.

Son engagement dans la Résistance s’intensifie, sous le pseudonyme de « Tony ». Il se rapproche alors de Paliero Martinelli, dit « Arthur », le fils d’Eugène Martinelli. Avec Cesare Luccarini, proche lui aussi d’Eugène Martinelli, il participe en septembre 1943 à l’attentat à la grenade d’une maison de tolérance fréquentée par des Allemands.

Le 12 novembre, il fait partie, avec entre autres Rino Della Negra et Robert Witchitz, de l’équipe qui attaque un convoyeur de fonds allemand, rue Lafayette, et qui entraîne la mort d’un Allemand. Peu de temps après, il est interpellé à son domicile par les brigades spéciales.

Torturé lors des interrogatoires, il est fusillé au Mont-Valérien le 21 février 1944 à seulement 23 ans, et inhumé dans le carré des fusillés du cimetière parisien d’Ivry-sur-Seine. Il fait par ailleurs partie des 11 membres du groupe Manouchian à recevoir la médaille de la Résistance à titre posthume, par un décret du 31 mars 1947. Il est reconnu « Mort pour la France » le 18 décembre 1945.

Willy Schapiro : de Pologne en Palestine, en passant par l’Autriche

Par Zoé Grumberg, historienne

 

Salomon Schapiro, dit Willy Schapiro, est né le 25 mai 1910 à Skala (Pologne) dans une famille juive de petits commerçants. D’abord séduit par le sionisme, il part en Palestine au début des années 1930. Sur place, il adhère toutefois au Parti communiste. Après une arrestation en 1931 et deux ans de prison, il part pour Vienne en 1933, où il milite au PC. Après l’Anschluss, en 1938, il quitte Vienne pour Paris, où il milite dans la MOI.

Pendant la guerre, il est affecté à la sous-section juive de la MOI. Fourreur, il est actif dans le mouvement syndical. Après l’invasion de l’URSS par les nazis le 22 juin 1941, il organise le sabotage de machines.

En février 1943, il rejoint le secrétariat de la commission intersyndicale juive auprès de la CGT. En avril-mai 1943, lors de l’insurrection du ghetto de Varsovie, il organise des réunions lors desquelles il appelle à intensifier la lutte contre les nazis. En juillet 1943, il est muté au 2e détachement des FTP-MOI puis dans le 4e détachement dit des dérailleurs.

En octobre 1943, il participe à un certain nombre d’actions de sabotage de voies ferrées. Dans la nuit du 25 au 26 octobre, avec six combattants, il sabote la voie ferrée sur la ligne Paris-Troyes, en Seine-et-Marne. Trois combattants sont arrêtés par la police le 27 octobre : Amedeo Usseglio, Léon Goldberg et Willy Schapiro.

Transférés et interrogés dans les locaux des brigades spéciales, ils sont torturés avant d’être livrés aux Allemands et incarcérés à Fresnes. Jugé le 18 février 1944 devant le tribunal du Gross Paris, Willy Schapiro est condamné à mort et fusillé au Mont-Valérien le 21 février 1944. Il est reconnu « Mort pour la France » le 28 juin 1971.

Amedeo Usseglio : le communiste italien est spécialiste des déraillements

Par Léo Rosell, historien

 

Né le 4 décembre 1911 à Giaveno, en Italie, Amedeo Usseglio arrive en France en 1930, à l’âge de 19 ans, s’installe dans la commune du Plessis-Robinson (Seine, actuellement Hauts-de-Seine) et commence à travailler comme ouvrier maçon.

Adhérent du Parti communiste, il est réfractaire au STO en janvier 1943 et rejoint le 3e détachement, celui des Italiens, des FTP-MOI de la région parisienne en juillet 1943, sous le pseudonyme de « Robert ».

Devenu permanent, il dispose d’un logement clandestin au 9, rue des Messageries, dans le 10e arrondissement de Paris. Parmi les actions auxquelles il prend part, citons l’attentat à la grenade le 9 septembre 1943 de la permanence du Parti populaire français (PPF) rue Lamarck, à Paris, ou celui du 5 octobre contre un détachement allemand place de l’Odéon.

Par ailleurs, Amedeo Usseglio était spécialisé dans le déraillement de trains. Dans la nuit du 25 au 26 octobre, il participe au déraillement d’un train de marchandises sur la ligne Paris-Troyes à Grandpuits, entraînant la destruction de la locomotive et de 24 wagons. Toutefois, il est arrêté avec Léon Goldberg et Willy Chapiro à proximité des lieux, en possession d’armes, de matériel de sabotage et de faux papiers.

Soumis à la torture de la BS2, il est incarcéré à Fresnes puis livré aux Allemands, qui l’exécutent le 21 février 1944 au Mont-Valérien à 32 ans. Il est inhumé au cimetière communal du Plessis-Robinson, une rue de la ville et le monument aux morts portent également son nom. Il est reconnu « Mort pour la France » le 22 juin 2005.

Wolf Wajsbrot : après la rafle de ses parents, le jeune juif polonais rejoint la MOI

Par Zoé Grumberg, historienne

 

Wolf Wajsbrot est né le 3 mars 1925 à Krasnik (Pologne) dans une famille juive. Arrivé à Paris avec sa famille dans les années 1930 pour fuir l’antisémitisme et les difficultés économiques en Pologne, il grandit au 153, avenue de Paris à Ivry-sur-Seine. Il apprend le métier de mécanicien et adhère aux Jeunesses communistes.

En 1942, ses parents sont arrêtés lors de la rafle du Véld’Hiv et déportés à Auschwitz, où ils sont assassinés. Wolf rejoint la MOI à la fin de l’année 1942. En janvier 1943, avec le 2e détachement FTP-MOI, il participe à l’attaque d’un groupe d’Allemands avenue Lowendal à Paris. En juillet 1943, il est muté au 4e détachement, dit des dérailleurs. En août 1943, il participe à plusieurs actions (déboulonnage de voies ferrées, déraillement de trains).

Le 17 novembre 1943, Wolf fait partie des 67 membres des FTP-MOI et de la MOI interpellés par la brigade spéciale n° 2 (BS2).

Son groupe est filé par les brigades spéciales. Le 18 octobre, les policiers des brigades spéciales identifient Joseph Dawidowicz, le commissaire politique des FTP-MOI de la région parisienne, trésorier et responsable des effectifs. Le 26 octobre, Joseph Dawidowicz est arrêté à la gare de Conflans-Sainte-Honorine.

Les policiers perquisitionnent ses planques et découvrent des listes d’effectifs, des comptes rendus d’activité de la MOI, des ordres du jour des FTP et un état numérique des divers détachements. Le 17 novembre, Wolf fait partie des 67 membres des FTP-MOI et de la MOI interpellés par la brigade spéciale n° 2 (BS2). Interrogé, il reconnaît cinq sabotages de voies ferrées avant d’être livré aux Allemands et emprisonné à Fresnes.

Il est jugé avec 22 autres accusés le 18 février 1944 devant le tribunal du Gross Paris. Condamné à mort, il est fusillé le 21 février au Mont-Valérien. Il est reconnu « Mort pour la France » le 26 février 1956.

Robert Witchitz : Il fuit le STO pour rejoindre les FTP-MOI

Par David Noël, historien

 

Robert Witchitz est né à Abscon, dans le Nord. Fils de Gustave, commerçant né en Pologne, et de Louise, née Boursault, Robert Witchitz est élevé par ses grands-parents jusqu’à l’âge de 4 ans, avant de partir vivre avec ses parents à Ivry-sur-Seine.

Après son certificat d’études, il devient télégraphiste. Licencié, il travaille dans une distillerie avant de devenir ajusteur à l’usine de construction mécanique Texier-Dufor. Il devient militant dans les Jeunesses communistes à Ivry-sur-Seine.

Réquisitionné dans le cadre du STO pour aller travailler en Allemagne, il rejoint le 3e détachement, celui des Italiens, des FTP-MOI sous le pseudonyme de « René » en février 1943.

Il participe à une dizaine d’opérations et d’attentats. Le 11 août 1943, c’est Robert Witchitz qui abat de quatre balles José Delaplace, un membre du parti franciste qui avait fait emprisonner des communistes.

Le 4 septembre, Roger Rouxel et Robert Witchitz tuent le soldat allemand Hubert Schonfelder près de la porte d’Ivry. Le 17 septembre Witchitz abat l’horloger Tagliaferi, dénonciateur de plusieurs antifascistes italiens. Le 12 novembre, Robert Witchitz participe aux côtés de Rino Della Negra à une attaque contre un convoyeur de fonds allemand lors de laquelle il est blessé.

Arrêté le 19 novembre par les inspecteurs de la BS2, il comparaît le 18 février 1944 devant le tribunal du Gross Paris, qui le condamne à mort. Robert Witchitz est fusillé le 21 février 1944 à 15 h 22 au Mont-Valérien. Il est reconnu « Mort pour la France » le 22 février 1946.

Source : L’humanité

 
 
 
 

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