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Les agriculteurs et les exposants présents au salon de la porte de Versailles sont fondés à se demander si, en parallèle de la Fashion Week, la semaine de la mode, qui avait lieu en même temps, ils n‘ont pas servi de décor aux défilés de la Politic Week. Les visites du président, des ministres, des responsables et candidats des partis y sont de tradition, mais avec les élections européennes en perspective, en pleine crise agricole, en France et en Europe, le salon est devenu un enjeu majeur et le terrain d’une démagogie effrénée.

On peut retenir de ce point de vue l’omniprésence du RN ayant oublié les votes de ses députés européens en faveur de la politique agricole commune (PAC) et ses choix productivistes. Et que dire de la proposition de prix plancher d’Emmanuel Macron qui avait toujours rejeté cette idée défendue depuis des années par le PCF, comme ont pu le rappeler Fabien Roussel, Léon Deffontaines et André Chassaigne lors de leur propre visite.

Sans doute ce salon restera comme un épisode marquant de la crise agricole en France. Mais pour quels résultats ? La crise ne concerne pas que la France. Elle n’est pas seulement le talon d’Achille de l’Europe, elle est, quand bien même elle s’exprime d’un pays à l’autre avec une force nouvelle, voire inattendue du côté des institutions, inscrite dans sa structure même et dans ses choix les plus essentiels. Depuis la réforme en 1992 de la PAC, c’est la mise en compétition des agricultures à l’échelle mondiale qui l’a emporté sur la régulation des prix européens, certes insuffisante, mais posée comme une nécessité et une perspective.

Emmanuel Macron se flatte d’avoir obtenu la suspension de l’accord de libre-échange Mercosur, mais quid de ceux avec la Nouvelle-Zélande, le Canada, et de ceux qui se négocient avec le Kenya et le Chili ? Cette politique agricole mondiale est tout autant désastreuse pour les pays extra-européens que pour ceux de l’UE. On peut citer pour seul exemple celui de la Colombie, qui subit les importations massives de frites européennes au prix de la destruction de sa riche production de pommes de terre. Ces jours-ci, l’événement en Europe serait la réélection annoncée de Madame von der Leyen. Pour la même politique.

Maurice Ulrich

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