La liste de rassemblement conduite par Léon Deffontaines et présentée par le PCF met l’exigence de paix au cœur de la campagne et de la nécessité d’une nouvelle construction européenne, de peuples et de nations souveraines et solidaires.
Il est impératif de rompre avec une logique de blocs et d’engrenage de la montée des tensions d’une part et celui de s’extraire de la politique honteuse du « deux poids, deux mesures ».
Cela implique cinq points fondamentaux, qui ne sont pas limitatifs :
- Ouvrir des négociations de paix en Ukraine, comme premier pas vers un traité de sécurité collective européen. Le chef d’État major britannique, Patrick Sanders, a déclaré qu’il fallait se « préparer à la guerre dans les deux ans ». Le chancelier allemand Olaf Scholz a également fait des déclarations allant dans le même sens. Il y a donc urgence à rompre l’engrenage de la guerre. Les propositions de paix déjà existantes, qu’elles émanent des chefs d’État d’Afrique, de la Colombie, de la Chine et même du Vatican sont des bases possibles pour mettre fin à cette guerre déclenchée par le régime chauvin et impérial de Vladimir Poutine. Le respect de la souveraineté de l’Ukraine, de la sécurité de l’ensemble des peuples de la région, ukrainien et russe en particulier, et la neutralité de l’Ukraine sous garanties internationales de l’ONU en sont les principes fondamentaux. C’est la condition pour mettre en chantier la négociation d’un traité de sécurité collective européen, fondé sur le respect de la souveraineté des peuples. Les récentes déclarations de Donald Trump l’illustrent à nouveau : il n’y ni sécurité, ni autonomie stratégique, ni politique européenne possible sous l’hégémonie de l’OTAN. Un « pilier européen » de l’OTAN est une absurdité tant cette dernière représente le bras armé des États-Unis. L’OTAN a vocation à être dissoute dans le cadre d’une refonte globale du système de sécurité collective européen. Dans l’immédiat, la France a la possibilité de sortir du commandement militaire intégré, comme cela était le cas avant 2009.
- Reprendre les négociations sur un désarmement global et multilatéral. La France peut dans l’immédiat siéger comme observatrice à la conférence des États parties du traité TIAN de l’ONU, comme manifestant une démarche politique allant vers la ratification de ce traité international. La rupture avec la logique de l’économie de guerre est une des lignes de force de la campagne. Qui plus est, le sens même de l’économie de guerre utilisé par les classes dirigeantes connaît un glissement inquiétant. Il ne s’agit plus d’adapter la production économique d’un État à un effort de guerre; mais d’instaurer préventivement une accoutumance à la possibilité de la guerre, à légitimer les politiques d’austérité et à délégitimer les mobilisations sociales. L’exemple allemand est significatif. L’augmentation du budget militaire de Berlin à 2% du PIB, selon les mots mêmes du Financial Times, « pourrait nécessiter des coupes drastiques dans les dépenses sociales ». Cette « économie de guerre », par ailleurs, se met en place en brandissant le totem de « la souveraineté européenne ». Mais de quoi parle-t-on ? Quelle souveraineté est possible alors qu’au nom des politiques libérales, ATOS est vendue à la découpe ? Une politique de souveraineté démocratique des peuples, qui les rendent maîtres des grands choix stratégiques, impose une rupture avec les logiques libérales et de mise en concurrence ! Cela impose donc une remise en cause des traités européens néolibéraux.
- Une politique de paix implique une action urgente pour un cessez-le-feu immédiat et permanent à Gaza, alors que les annonces du gouvernement d’extrême-droite israélien sur une offensive à Rafah fait courir le risque d’un bain de sang, dénoncé par nombre d’ONG. La reconnaissance de l’État de Palestine est une nécessité, comme premier pas vers la nécessaire solution politique à deux États, avec un État palestinien aux côtés de l’État d’Israël, sur la base des frontières de 1967 avec Jérusalem Est pour capitale. Les parlements français et européen l’ont votée. Il faut que ce vote soit appliqué. La France doit faire pression pour une action concrète : la fin des livraisons d’armes de pays de l’UE à l’État d’Israël et la suspension de l’accord d’association tant que le gouvernement israélien ne respecte pas le droit international.
- L’Europe doit également agir pour un autre ordre du monde, remettant en cause l’hégémonie du dollar. Par exemple, la perspective d’une monnaie commune mondiale, sur la base des droits de tirage spéciaux du FMI, portée par plusieurs gouvernements, et une redirection des flux financiers vers les besoins d’emplois, de services publics, d’investissements, d’éducation, de santé, d’alimentation, de lutte contre les inégalités permettrait d’agir concrètement pour la réalisation des objectifs de développement durable de l’ONU.
- Enfin, dans l’UE elle-même, la victoire historique du Sinn Féin en Irlande du Nord est une étape qui rend possible la perspective d’une réunification de l’île. Les obstacles sont nombreux : comment va réagir le gouvernement britannique face à cette option ? et l’Union Européenne? Là encore la bataille sera intense. Par ailleurs, il ne faut pas oublier Chypre, alors que le gouvernement d’Erdogan fait tout pour empêcher la reprise des négociations gelées depuis 2017. Et l’UE ? Elle ne fait rien. Il est totalement inacceptable de voir l’UE se désintéresser du sort d’un de ses membres dont la moitié du territoire est occupée. L’exigence d’une réunification de Chypre sur la base d’un État bi-zonal à souveraineté unique doit continuer à être portée avec force, aux côtés des forces chypriotes, d’AKEL.
Pour toutes ces raisons, la paix est bien un des enjeux forts de cette campagne électorale. Le fait que des députés communistes français, retrouvant leur présence au Parlement européen, puissent porter ces exigences aux côtés de nos alliés en Europe sera incontestablement une force.
Vincent Boulet
membre de l’exécutif national du PCF chargé des relations internationales