Détaillé dimanche 26 mai, le texte porté par le Premier ministre a pour objectif d’économiser 3,6 milliards d’euros par an sur le dos des chômeurs, en s’attaquant en priorité aux plus précaires, aux jeunes et aux seniors. Contre cette énième casse sociale, les syndicats fourbissent leurs armes.
Dans la Tribune dimanche du 26 mai, Gabriel Attal a dévoilé ses arbitrages arbitraires sur la nouvelle et tant redoutée réforme de l’assurance-chômage. Pour réaliser 3,6 milliards d’euros d’économie par an sur le dos des chômeurs, le Premier ministre veut faire passer la durée nécessaire à l’ouverture de droits de six à huit mois travaillés sur une période réduite, elle, de vingt-quatre à vingt mois.
La durée d’indemnisation serait également rabotée, pour passer de dix-huit à quinze mois. « C’est très court pour reconstruire un projet professionnel après un licenciement, pour faire une formation et retrouver du travail », pointe la secrétaire générale de la CGT Sophie Binet, qui rappelle que 22 % des chômeurs mettent plus d’un an à retrouver un emploi.
Déjà, seul un demandeur d’emploi inscrit à France Travail sur deux touche des allocations.
C’est la plus violente des réformes successives de l’assurance-chômage, fustige la CGT, car elle représente « près de 10 % des dépenses, trois fois plus que les précédentes », et qu’elle entend réaliser des économies « sur le dos de 185 000 personnes par an, écartées du droit à allocation ». Déjà, les derniers chiffres de l’Unédic montrent que seul un demandeur d’emploi inscrit à France Travail sur deux touche des allocations… Sans citer aucune étude d’impact, le locataire de Matignon espère à l’inverse que ces mesures permettront à « 90 000 personnes supplémentaires d’être en emploi ».
La réforme cible tous les demandeurs d’emploi, mais les plus précaires seront particulièrement pénalisés. « Le gouvernement s’en prend aux demandeurs d’emploi les plus vulnérables, en réduisant leurs droits : les jeunes (moins de 25 ans), les fins de CDD (dont saisonniers) et intérim, les salaires les plus faibles », appuie la CFDT. En cause, le passage du seuil d’affiliation de six à huit mois, qui pénalise les travailleurs les plus soumis aux contrats courts. « Cette mesure est particulièrement dure pour les jeunes de moins de 25 ans, surreprésentés parmi les précaires », renchérit la CGT.
« Derrière, il y a le spectre du RSA »
François Hommeril, président de la CFE-CGC, insistait plutôt, dimanche sur France Info, sur la situation des « seniors discount ». La réforme décale en effet l’âge des chômeurs concernés par l’allongement de la durée d’indemnisation, à partir de 57 ans au lieu de 53 ans actuellement. « Vous avez fait une carrière à l’encadrement, vous êtes licencié, on vous propose un emploi de plongeur, vous êtes obligé de le prendre parce qu’il y a derrière le spectre du RSA », s’emporte François Hommeril. Gabriel Attal estime atténuer la violence de cette mesure en promettant de compléter le salaire pendant un an, ce qu’il appelle « bonus emploi senior », si celui-ci accepte un travail moins bien rémunéré que ne l’était son précédent emploi.
La situation peut se révéler pire encore. En effet, les modalités de cette énième réforme de l’exécutif sont valables pour un taux de chômage – au sens du Bureau international du travail – compris entre 9 % et 6,5 %. En dessous de ce nouveau seuil, la durée d’indemnisation des chômeurs de moins de 57 ans serait alors réduite de 40 %, passant à douze mois au maximum, pour une économie de 3 milliards d’euros supplémentaires. L’entrée en vigueur de cette nouvelle casse de l’assurance-chômage a été annoncée au 1er décembre 2024. La CGT prévient qu’elle « utilisera tous les moyens juridiques et militants pour démontrer l’absurdité et la violence de cette réforme et empêcher sa mise en œuvre ».
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